Question 47 : Pourquoi peut-on affirmer que la plupart des économies nationales sont aujourd’hui des économies de marché ?
Introduction
Le terme d'économie de marché désigne un système économique où les décisions de produire, d'échanger et d'allouer des biens et services rares sont déterminées majoritairement à l'aide d'informations résultant de la confrontation de l'offre et de la demande telle qu'établie par le libre jeu du marché. Confrontation qui détermine les informations de prix, mais aussi de qualité, de disponibilité. L’État n'intervient pas dans les décisions. Il fixe simplement des règles.
Le terme d'économie nationale correspond à un système économique où les décisions de fixation de prix sont prises sur l'ensemble des unités résidentes sur le territoire économique. Par exemple , l'Europe pour ce cas présent. Là aussi c'est le marché qui alloue les ressources et fixe les prix mais avec une intervention de l’État afin de réguler.
Pourquoi peut on affirmer que les économies nationales sont aujourd'hui des économies de marché ?
Dans premier temps nous verrons la définition et les limites de l'économies de marchés, puis nous présenterons les principaux modèles économiques existant à ce jour.
I définition et limite de l’économie de marché
1- Définition de marché
Lieu (physique ou virtuel) dans lequel les agents économiques (entreprises, individus) ont la liberté de vendre et d'acheter des biens, des services et des capitaux. Le prix correspond à la situation d’équilibre entre l’offre et la demande.
Il existe 3 grands marchés sur lesquels se confrontent les offreurs et les demandeurs afin de trouver un équilibre général :
Marché des biens et services : prix d'équilibre
marché des capitaux : cours des titres
marchés du travail : salaires
marché de la monnaie : taux d'intérêt
Chaque parties se confrontent afin de trouver un équilibre général et mutuel selon leur besoins et pouvoir d'achat pour les demandeurs et selon leur marge ou leur coût de revient pour les offreurs L'état n'intervient pas lors de la confrontation des deux parties.
2- Limites à l’économie de marché avec l'intervention de l'Etat
Limiter l’économie de marché à la rencontre de l’offre et de la demande sur un marché libre et concurrentiel présente le risque de se retrouver face à la création de monopole, ou les dominants dirigeraient le marché. Dès lors sans tomber dans le protectionnisme, l’Etat se positionne comme un rempart en édictant des règlements et des Lois qui vont permettre de protéger le fonctionnement du marché. Ces lois s’adressent tant à la protection des consommateurs, que des producteurs entres eux ou les uns envers les autres : Loi anti-monopole, loi anti-arrangements restrictifs, loi contre les position dominante….
L’une des premières fonctions de l’Etat est de permettre de donner confiance aux acteurs économiques par la mise en place de certification, de normes.
D’autre part, l’Etat va intervenir au travers de la fiscalité pour encadrer certains produits comme le tabac, les gaz a effet de serre, en taxant ou en créant des droits à polluer.
Enfin l’Etat va assurer l’atomicité de la concurrence, c’est-à-dire garantir que personne ne puisse modifier un prix à son avantage et que le respect de la situation de concurrence soit garantie. Le maintien d’une concurrence loyale est recherchée.
Par ailleurs les conditions de la concurrence pure et parfaite sont rarement réunies.
La concurrence pure et parfaite, théorie développée par les néo-classiques, est nécessaire à une réelle économie de marché mais se révèle être plus un concept qu’une réalité. En effet, les activités agricoles, industrielles ou de services se déroulent le plus généralement dans des conditions assez différentes :
- Parce que les produits ne sont pas homogènes : marché de l’habillement, de l’automobile,… ;
- Parce que les firmes sont nécessairement de grande taille notamment dans les secteurs où l’intensité capitalistique est élevée donc l’atomicité des acteurs, n’est pas toujours vérifiée (ex : raffinerie de pétrole, constructeurs automobile, construction navale…). En France, la SNCF et EDF fixent les prix de leurs prestations, ce sont donc des marchés imparfaitement concurrentiels. Autre exemple, la grande distribution (cas d’oligopole) qui a un pouvoir de fixation des prix auprès de ses fournisseurs démontre ainsi que la concurrence pure et parfaite ne s’applique pas;
- Parce que l’entrée n’est pas totalement libre à cause de la réglementation, des brevets (ex : industrie pharmaceutique,…) ou le marché de la téléphonie mobile, où l’Etat délivre des licences 4G, ne permet pas un libre accès et sans coût sur ce marché. Même si l’arrivée de Free a depuis transformé de façon extraordinaire ce marché.
II Les différentes forme d’économie de marché
Depuis la fin de l’URSS et de son modèle d’économie planifiée, on distingue généralement :
- Les économies de marché de modèle anglo saxon
- Les économies sociales de marché (Allemagne, France, Danemark, Europe du Nord,…)
- L’économie socialiste de marché (modèle chinois)
1- le modèle anglo-saxon :
L'économie individualiste de marché s'applique en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, au Canada et en Nouvelle Zélande. Ce modèle s'inspire largement des théories d'Adam Smith avec pour caractéristiques principales : l'état minimum, l'individualisme et le rôle central du marché. Une grande place est accordée à la prise de risque, la finance est privilégiée.
Exemple
En Grande-Bretagne : les secteurs publics les plus importants (transports, communication, énergie) ont été massivement privatisé entre 1980 et 1990.
Aux Etats-Unis, une pratique intensive de l'antitrust (sanction des comportements anti-concurrentiel) est exercée avec récemment le procès contre Microsoft condamnant sa position de monopole sur le contrôle de la technologie et de l'information.
2-L'économie sociale de marché :
le modèle allemand puis européen : Ce modèle économique initialement allemand s'applique aujourd'hui à l'union Européenne via le traité de Lisbonne qui vise un programme ambitieux de déréglementation et de flexibilisation.
Ce système s'oppose à l'économie planifié et se démarque d'une économie complètement libre.
L'économie sociale de marché se définit notamment par la propriété privée, la concurrence loyale, la formation libre des prix et le principe de libre circulation des travailleurs, des capitaux et des biens et services en tenant compte de la protection de l'environnement.
L'application de ce modèle de l'économie de marché s'illustre en France d'une part par la privatisation de nombreux secteurs publics : la banque Crédit Lyonnais en 1999 et EDF en 2005 et d'autre part par la sanction de pratique de concurrence déloyale au niveau national : entente des prix des opérateurs téléphoniques et au niveau Européen : en Mai 2010, la commission européenne à infligé une amende de 800 millions d'Euros à onze compagnies aériennes (Air France, Lufthansa..) pour une entente sur les surtaxes pour le carburant et la sécurité.
3-L'économie de marché socialiste : le modèle chinois
Plus qu'un vrai modèle, l'économie de marché socialiste (selon l'appellation officielle de 1992) est un stade transitoire passant d'une économie planifiée de typé soviétique à une économie mixte.
Si la structure conserve sa rigidité de contrôle par le parti communiste chinois, le système se caractérise par un passage de la collectivisation de l'agriculture à un système de responsabilisation individuelle des terres, une introduction de gérants dans les secteurs industriels, une relâche du contrôle des prix et une ouverture au monde avec la création de « zone économique spéciales » ZES. Ce nouveau modèle a permis le quadruplement du PIB depuis 1978 et est accentué par le 3° plenum du comité central du parti communiste chinois en novembre 2013 avec des nouvelles réformes sur l'intervention de l'Etat et le rôle des capitaux privées.
Ce nouveau modèle s'illustre notamment par la multiplication des entreprises privées chinoises : + 28% en moyenne depuis deux ans.
Conclusion
Actuellement, on peut dire les économies nationales sont principalement des économies de marché, mais elles ne sont pas totalement au sens libérale du terme (courants néo-classique/classique), notamment parce-que les conditions de la concurrence pure et parfaite ne sont que rarement réunies.
Par ailleurs, pour certaines économies nationales, l’Etat joue un rôle majeur et intervient dans le cycle économique par des politiques de grands travaux, des politiques de redistribution ou pour pallier aux dysfonctionnements de l’économie.
Enfin, il existe d’autres formes d’économies, tournées vers le commerce équitable, le troc, l’écologie, … des modèles de références à venir ?