POURQUOI UN EXCES D’EPARGNE PEUT ETRE UN DANGER POUR LA CROISSANCE ?
Intro :
Après x années de croissance atone et de ralentissement du pouvoir d'achat, le taux
d'épargne atteint un niveau très élevé en France(Année après année, les Français restent
- après les Allemands - les Européens les plus économes. A la fin du troisième trimestre
2015, le taux d'épargne atteignait 15,5 % du revenu disponible brut) Est ce un
paradoxe ?
Nous pouvons nous interroger sur l'impact d'un excès d'épargne sur la croissance d'un
pays.
Dans un premier dans nous tenterons de définir les différents types d’épargne, puis nous
détaillerons les deux approches sur ce sujet avant d’effectuer un zoom sur la situation
actuelle.
1)Définition
Avant tout, il est important de définir l’épargne :
Au sens courant, épargner consiste à mettre de l’argent de côté, à faire des économies.
L’épargne représente la partie du revenu qui n’est pas destinée à la consommation
immédiate.
L’épargne est donc un acte de renonciation à une satisfaction immédiate au profit d’une
consommation future.
L’épargne peut être le fait des ménages, des entreprises et des administrations :
- L’épargne des ménages : est constituée de l’épargne financière (placements financiers,
thésaurisation) et de l’épargne non financière (Immobilier, épargne contractuelle, etc…)
- L’épargne des entreprises : correspond à leur autofinancement, c’est-à- dire aux
amortissements et bénéfices non distribués.
- L’épargne des administrations : correspond aux dépenses d’investissement non
financées par emprunt.
On distinguera 2 conceptions opposées de l’épargne :
- Une perspective micro-économique : épargner revient à s’abstenir de consommer.
- Une perspective macro-économique : l’épargne est un résidu qui apparait lorsque le
revenu excède la consommation.
Nous allons maintenant tenté de décrire les deux courants de pensée qui s’opposent sur
le sujet
2) Les approches théoriques
a) Classique
Quelles conséquences aura un excès d’épargne sur la croissance ?
Pour les Classiques, (loi de Say), l’offre crée sa propre demande et il ne peut y avoir de
crise de surproduction découlant d’une insuffisance de la demande. Si les marchés
fonctionnent correctement, il devrait y avoir un équilibre de l’offre et de la demande
de capitaux sur le marché financier et donc un équilibre entre épargne et
investissement. Pour les classiques, la thésaurisation est impossible parce que
l’épargne rencontre toujours l’investissement correspondant.
D’après la théorie classique, l’épargne est placée auprès d’organismes financiers
ou sur les marchés de capitaux. Elle va donc permettre d’accorder des crédits aux
ménages ou aux entreprises qui vont pouvoir dépenser plus en investissant (loi des
débouchés). « L’offre créé sa propre demande ». L’épargne est une vertu car elle permet
de financer les investissements et donc la croissance de l’économie. Il n’y aurait donc pas
à se plaindre d’un surcroit d’épargne.
b) Approche Kéneysienne
A l’inverse, la théorie Keynésienne indique que le niveau des investissements ne
dépend pas uniquement de la quantité d’épargne et est déterminé par les
débouchés anticipés pour la production. Les ménages peuvent souhaiter conserver leur
épargne sous forme de liquidités (monnaie) plutôt que de la transformer en titres.
Une situation d’excès d’offre généralisée peut résulter d’une insuffisance de la demande
effective des ménages qui privilégient l’épargne de précaution face à un avenir incertain,
voir même une épargne de spéculation.
L’excès d’épargne est alors la manifestation d’une insuffisance de débouchés pour
l’activité économique, et constitue une source de sous-emploi du facteur travail d’où le
fait que la croissance économique peut être, ainsi, insuffisante.
3)L’excès d’épargne de nos jours
De nos jours, le taux d’épargne a bondi à 17 % en 2010 (source INSEE). Cela signifie
que lorsqu’ un français gagne 100 € en moyenne (après impôts) il en consacre 17 à
l’épargne et 83 à la consommation.
La progression de l’épargne marque la méfiance de nos concitoyens face aux mesures de politique
économique. Les politiques de relance ont surtout relancé les déficits. Suivant leur niveau de
connaissances économiques, les uns prennent peur des mesures dites « d’austérité », les autres
voient au contraire que rien n’est fait ni pour compenser les dépenses publiques, ni pour avancer les
réformes structurelles qui s’imposent, et ils s’attendent à une hausse des prélèvements.
Tous les citoyens comprennent que de sérieuses menaces pèsent sur le système bancaire et
financier. De fait, la politique des banques centrales est tout à fait aventureuse : elles créent de la
monnaie en rachetant de la dette publique des pays en déroute, au risque de provoquer de l’inflation
donc une chute du pouvoir d’achat.
Conclusion :
Le taux d’épargne est au plus haut alors que la croissance est au plus . La consommation, présentée
comme le principal moteur de la croissance, est en panne.
La presse est unanime :
Le Monde=> : « Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la croissance : les ménages français
consomment moins et épargnent davantage ».
Le Figaro =>: « les ménages ont un moment de déprime qui est en train de les éloigner durablement
des magasins. Il semblerait que la crise de la dette, le discours sur la rigueur et les réductions de
niches fiscales les poussent à augmenter encore un peu plus leur abondante épargne ».
L’épargne serait donc le mal absolu, tandis que la dépense immédiate, la consommation, serait la
vertu suprême. Comme nous l’avons laisser entrevoir L’épargne de précaution ambiant dont est
victime la France depuis la crise de 2008 impacte cruellement la croissance, mais d’autres leviers en
sont bien évidement responsables(chômage, coût du travail, mondialisation…)
Ces 5 dernières années, François hollande n’a d’ailleurs pas trouvé le remède pour relancer le pays,
Son successeur y parviendra t’il ?