Question 55 : Qui sont les nouveaux acteurs du financement de l’économie et quel est leur poids ?

Question 55 : Qui sont les nouveaux acteurs du financement de l’économie et quel est leur poids ?

Introduction : L’intermédiation bancaire est un des premiers rôles des entreprises bancaires. Elle consiste à collecter des dépôts permettant d’accorder des crédits permettant de financer l’économie dans sa globalité. Suite à la révolution industrielle, les banques ont pu participer activement au financement de l’économie et y sont depuis lors très liés, même si le crédit interentreprises en est lui aussi un acteur important. Aujourd’hui, de nouveaux acteurs éclosent progressivement dans le financement de l’économie et complètent les banques au niveau des offres, que ce soit par les personnes financées mais aussi en fonction de la taille des projets. La question est de savoir qui sont ces acteurs et quelle est leur part dans l’activité de financement de l’économie. Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps que les nouveaux acteurs les plus médiatisés ont un poids assez limité et dans un second temps qu’il existe des acteurs a priori beaucoup plus importants mais plus difficiles à identifier.

I) Des acteurs médiatisés avec une part réduite dans le financement de l’économie

a) Les acteurs des nouvelles technologies mis en avant
L’avènement de l’économie numérique a permis la création de plateformes internet permettant de financer des projets de création, investissement ou développement grâce au système de la finance participative ou crowdfunding, qui est né au début des années 2000 aux Etats-Unis. Les entreprises peuvent ainsi proposer des projets en ligne et demander le financement à des investisseurs privés, personnes physiques ou morales. Les plateformes concernées par cette activité proposent certaines garanties aux investisseurs, notamment en termes de transparence.
Il existe trois grandes catégories de plateformes basées sur les dons, les prêts ou les investissements en fonds propres. On pourra citer en exemple des plateformes telles que Ulule, KickStarter, Kiss Kiss Bank Bank, Lendy, Unilend mais il y en a bien plus que cela, avec par exemple 87 plateformes au Royaume-Uni.
D’une façon, on peut intégrer à cette catégorie de nouveaux acteurs tous les acteurs du microcrédit.
Il s’agit au départ d’un véritable phénomène de mode très médiatisé qui commence à s’organiser et se développer.

b) Un poids peu important mais en développement
A l’échelle de la France, au premier semestre 2014, les fonds collectés représentaient seulement 66,4 millions d’euros, ce qui reste évidemment une portion très congrue du financement de l’économie mais le secteur est jeune et encore en développement puisque sur l’ensemble de l’année 2013, 78 millions avaient été recueillis. En 2015, ce sont ainsi 297 millions qui auront été collectés pour la France. Ainsi, si ces plateformes n’ont pas encore un poids considérable, leur influence grandit et l’intérêt que leur porte le secteur bancaire devient de plus en plus réel.

L’influence des acteurs du crowdfunding est limitée. Par contre, il existe parmi les nouveaux acteurs du financement de l’économie des acteurs au poids considérable.

II) Des acteurs importants difficiles à cerner

a) Les acteurs du Shadow Banking
Le Shadow Banking est un système d’intermédiation de crédit auquel concourent des entités et activités extérieures au système bancaire régulé.
Sa particularité est que contrairement aux plateformes de financement participatif est de faire preuve de peu de transparence et de ne subir aucune régulation et réglementation.
Parmi les acteurs, on retrouve les Fonds d’investissement, les Hedge Funds, les compagnies financières, la titrisation ou encore les fonds monétaires.
Leur développement est lié à la fois à la baisse des taux d’intérêt proposés dans le circuit bancaire traditionnelle mais aussi à la règlementation exacerbée des banques.

b) Un poids difficile à estimer mais probablement considérable
Il existe peu de statistiques fiables concernant le Shadow Banking mais il était estimé à 75 000 milliards en 2013 dans le monde (à mettre en rapport avec le crowdfunding).
On estime en Europe qu’à l’horizon 2019, les actifs du secteur bancaire non réglementé pourraient dépasser en taille ceux du secteur réglementé.
Il reste néanmoins difficile de mesurer l’impact réel du Shadow Banking dans le financement de l’économie pour des raisons notamment d’opacité mais il est certain qu’il est énorme

Conclusion : On peut identifier deux types différents de nouveaux acteurs dans le financement de l’économie avec les plateformes de financement participatif et le Shadow Banking. Si on parle beaucoup des premiers malgré un poids négligeable, les seconds moins visibles sont de très importants financeurs de l’économie, avec un poids de plus en plus proche de celui des acteurs bancaires. Plusieurs questions sont soulevées par l’émergence de ces acteurs, que ce soit sur la nécessité de contrôle des autorités et de réglementation de ces nouvelles pratiques pour limiter les possibilités de blanchiment ou de financement du terrorisme ou sur la nécessité pour les banques de s’adapter à cette concurrence. S’il parait difficile pour elles de lutter avec le Shadow Banking qui a un pouvoir similaire au leur, elles s’intéressent déjà aux plateformes de financement participatif avec par exemple le rapprochement entre La Poste et Kiss Kiss Bank Bank. Cela leur permettra également de profiter de l’image de celles-ci.